lundi 3 août 2015

Bonne nouvelle !

Saviez-vous qu'une adaptation de Little Women était actuellement en projet ?
Autre bonne nouvelle, Sarah Polley ferait partie de l'aventure !
Sarah Polley est une actrice, productrice, réalisatrice et scénariste canadienne. Je la connais surtout pour son rôle de Sarah Stanley dans la série adaptée de l'oeuvre de Lucy Maud Montgomery, Road to Avonlea.


Vous trouverez ci-dessous deux articles mentionnant le projet de film :
- www.theguardian.com/film/2015/mar/19/director-sarah-polley-paired-up-with-little-women-adaptation
www.ctvnews.ca/entertainment/sarah-polley-talks-little-women-and-alias-grace-1.2327892

samedi 1 novembre 2014

DVD du téléfilm de David Lowell Rich

N'oubliez pas la sortie prochaine du formidable téléfilm de 1978 !

Le DVD contiendra les versions françaises et anglaises ainsi que les sous-titres français. (suppléments : bandes annonces - liens internet - galeries de photos)




lundi 27 octobre 2014

Félicitations !

Le documentaire consacré à Orchard House verra bien le jour ! 156 650$ ont pu être récoltés.

La maison des Alcott devrait ainsi bientôt nous révéler ses secrets !

samedi 25 octobre 2014

Entretien avec Vivianne Perret

Madame Perret a eu la gentillesse de répondre à mes questions à propos de la famille Alcott et de sa biographie sortie le 17 octobre.
Un grand merci à elle !


Comment avez-vous fait la connaissance des filles March ? Que vous a apporté cette rencontre ? 

J’ai fait la connaissance des filles March, comme beaucoup d’enfants, par la lecture vers huit ans. En découvrant le personnage de Jo, j’aurais pu faire mienne cette phrase de Simone de Beauvoir : « Il y eut un livre où je crus reconnaître mon visage et mon destin : Little Women, de Louisa Alcott. Je m’identifiai passionnément à Jo, l’intellectuelle. (...) Elle était bien plus garçonnière et plus hardie que moi ; mais je partageais son horreur de la couture et du ménage, son amour des livres. » Qu’une héroïne, fut-elle de papier, puisse nourrir les mêmes ambitions que moi était sacrément réconfortant. 

Selon vous, pourquoi Jo tient-elle une place si importante parmi les héroïnes de littérature jeunesse ?

Je crois profondément que ce que Jo exprime transcende les époques. Le lectorat (en majorité féminin) est parfaitement apte à dépouiller le roman de son vernis historique et de références parfois obsolètes pour identifier en Jo ses propres aspirations, ses doutes et ses désirs. Jo se sent différente. Quelle fillette ne s’est pas sentie en décalage avec son environnement ! Elle souhaite prendre un chemin autre que celui tout tracé et attendu pour une fille. Elle a aussi le sentiment fort d’une vocation, qui plus est artistique (en dehors du cadre plus rassurant d’une formation sanctionnée par un diplôme, bien qu’à son époque les métiers que pouvaient exercer les femmes étaient très limités). Une complication supplémentaire lorsque vous avouez à haute voix un désir brûlant et intérieur à des adultes. Ces derniers, croyant bien faire, vous énoncent généralement toutes les difficultés et obstacles à venir plutôt que de vous encourager. La lectrice peut partager avec Jo une aspiration secrète. Elle sait qu’elle sera comprise. 

Faites-vous partie des lecteurs qui espéraient tant le mariage de Jo et Laurie ? 

Je ne me souviens plus vraiment si j’espérais le mariage de Jo avec Laurie. Mais je me souviens bien de ne pas avoir apprécié le pauvre Bhaer que je jugeais trop vieux, pas assez joli garçon et pas assez riche pour Jo. Quitte à trahir un peu de son indépendance en épousant un prétendant, à mon avis, elle pouvait espérer mieux !! Bon, il est vrai qu’à l’époque de ma lecture, Gabriel Byrne n’avait pas encore incarné le personnage à l’écran. La version cinématographique aurait certainement modifié mon point de vue... 

Que vous inspire Amy, personnage peu apprécié en général ? 

Mea culpa, je fais partie des lectrices qui la considéraient plutôt comme une petite peste vaniteuse. J’ai toujours songé que Laurie épousait un pis-aller avec Amy !! Au moins il restait dans la famille à défaut de ne pouvoir convoler avec Jo. Parce que, honnêtement, entre Amy et Jo, pour moi, il n’y avait pas photo !  

Comment expliquez-vous la popularité toujours actuelle de Little Women ? 

Etonnant, n’est-ce pas ? Et quelque part très rassurant. Pour moi, la popularité s’explique par la justesse du roman, de ses personnages, probablement parce que l’auteur a vécu ces expériences. Elle n’a pas simplement écrit avec talent un roman jeunesse, elle a transposé son enfance en roman, très présente à la façon dont elle voyait les choses au même âge. Comme je le disais au sujet de Jo, Little Women exprime une vérité universelle et humaine sur la fratrie et sur le passage délicat de l’enfant à l’adolescent. 

Pensez-vous que l'humour et le cynisme de Louisa sont présents dans les traductions françaises ? 

Je n’ai jamais eu le sentiment que Louisa ait été cynique : déçue, désillusionnée parfois, oui, mais pas cynique. Elle a gardé son sens de l’humour toute son existence, se moquant gentiment d’elle-même dans ses écrits, y compris dans la littérature jeunesse. Dans An Old-Fashioned Girl, publié en 1870 elle ironise sur sa nouvelle célébrité à travers le personnage de Kate King, un auteur « qui venait d’écrire un livre à succès par hasard, et se retrouvait à la mode ». Ce sont de petites perles perdues quelquefois au cours de la traduction car peu de ses écrits ont été traduits, notamment les romans pour adultes. Il était difficile en conséquence pour un traducteur d’apprécier l’ensemble de l’œuvre de Louisa à sa juste valeur, surtout lorsque l’éditeur lui demandait de « tailler dans le vif » pour caser le livre dans une collection donnée. 

Quelle traduction conseilleriez-vous aux lecteurs français ? 

Vous me posez une question piège, quand on sait qu’aucune traduction française n’est complète ! J’ai d’ailleurs rédigé tout un paragraphe dans mon livre sur le sujet, les fameuses traductions et les « adaptations » tirées de l’original. J’aurais très envie de m’en tirer par une pirouette et de suggérer aux lecteurs français d’apprendre l’anglais afin de goûter aux charmes de Little Women sans censure. Mais plus prosaïquement, et là, vous voudrez bien m’excuser de prêcher pour ma paroisse, je conseillerais aux lecteurs de lire la biographie de Louisa afin de bien comprendre le contexte d’écriture de Little Women afin de pallier les défaillances des traductions...et d’en lire plusieurs ! 

Que pensez-vous des adaptations cinématographiques de Little Women ? 

Elles ont toutes des points positifs et toutes des points négatifs. Cependant, aucune ne remplace avantageusement le roman. En ce qui concerne les actrices, prenez par exemple Katharine Hepburn dans le rôle de Jo dans la version de 1933 : son énergie fantastique, sa gaucherie avec ses « grandes mains, sa grande taille » sont bien celles de Jo. Mais l’actrice est beaucoup trop âgée pour tenir ce rôle. Elizabeth Taylor fait une peste délicieuse d’Amy dans la version de 1949. Dans celle de 1994, j’ai un faible pour Susan Sarandon dans le rôle de Marmee. Je trouve surtout que les adaptations cinématographiques nous permettent de combler visuellement nos lacunes historiques en récréant l’environnement de l’époque. 

Comment vous êtes-vous intéressée à Louisa et aux Alcott ? 

Mon éditeur, Guillaume Dervieux, m’avait proposé l’écriture d’une biographie d’un personnage féminin anglo-saxon. Louisa s’est imposée immédiatement car une partie de mes recherches concerne les Etats-Unis du XIXè siècle. Ce qui est amusant, c’est que je n’avais pas osé lui dire que, enfant, j’avais adoré le personnage de Jo. 

Selon vous, comment est née la rivalité entre May et Louisa ? 

Louisa et sa sœur aînée Anna ont vécu de plein fouet toutes les difficultés de la famille. May a été relativement épargnée. De surcroit, le joli bébé était chéri par son père, fasciné par sa beauté blonde, alors que les deux ainées ressemblaient à leur mère. May était un peu, aux yeux de Louisa « la petite gâtée de la famille ». Son père louait ses qualités de dessinatrice, persuadée de sa réussite future, alors qu’il ignorait les efforts de Louisa qui tentait de percer dans l’écriture. Louisa en était blessée. Mais lorsque May a débuté sa carrière de peintre, la rivalité s’est déplacée : May a pris ombrage de la gloire de sa sœur, tandis qu’elle peinait à se faire une place dans le milieu artistique. A son tour, elle trouvait « qu’il n’y en avait que pour Louisa ». Cette rivalité a été néanmoins modérée par le sens de la famille, essentiel chez les Alcott. 

Comment décririez-vous les relations que Louisa entretenait avec ses parents ? 

L’amour filial est une des composantes majeures de la vie de Louisa. Il est évident que Louisa était très proche de sa mère. Il y avait, outre une ressemblance physique, une complicité et une admiration mutuelle. Les relations avec son père étaient plus problématiques. Louisa avait envie de plaire à son père, qu’il soit fier d’elle. Mais ce qui faisait la singularité de Louisa était aussi ce qui la tenait éloignée de son père. D’un autre côté, malgré l’amour filial et paternel qui existait entre eux, Louisa n’était pas dupe des faiblesses de son père, incapable de subvenir aux besoins de la famille. Seul le temps a pu adoucir leur relation et rétablir un équilibre. 

Avez-vous déjà visité Concord, Boston et Fruitlands ? 

J’ai vécu et travaillé aux Etats-Unis. J’ai donc eu la chance de visiter souvent les endroits cités autant par raisons professionnelles que par plaisir touristique. 

Comment avez-vous travaillé pour écrire cette biographie ? Quels sont les ouvrages qui vous ont le plus aidé ? 

J’ai d’abord choisi l’angle d’approche de la biographie. Il me semblait important d’éclairer le lecteur français sur l’Amérique de Louisa. On a de vagues notions de la guerre de Sécession, mais la formation intellectuelle de l’Amérique date de cette période et les lecteurs français connaissent mal les mouvements qui se sont mis en place à cette époque. D’autre part, Louisa était un être de chair et de sang et je ne voulais absolument pas que mes recherches, aussi pertinentes fussent-elles, deviennent un obstacle pour « rencontrer » Louisa, qu’on oublie son côté humain pour ne la considérer que comme un élément dans un paysage historique. C’est pourquoi j’ai écrit en ayant les journaux intimes des principaux protagonistes pour fils conducteurs. Les écrits personnels de la famille Alcott ont été les ouvrages qui m’ont le plus aidé. Je me suis également beaucoup appuyée sur le témoignage de leur entourage. Mais avant de travailler proprement dit sur la biographie de Louisa, j’ai commencé par lire et relire tout ce qu’elle avait écrit, du poème au roman, en passant par les contes. J’ai également relu les ouvrages d’Emerson et Thoreau, ses « dieux », ainsi que Charles Dickens, son auteur favori. Ensuite, j’ai lu une quantité impressionnante d’ouvrages et de thèses, soit sur Louisa, soit sur son entourage et son époque. Je voulais être à l’aise dans cette période afin de pouvoir sans remord éliminer ce qui m’aurait fait passer, certes, pour érudite, mais qui aurait nui à une certaine fluidité de lecture. 

Pourriez-vous nous dire quel sera votre prochain sujet d'étude ? 

Le projet n’étant pas encore signé, je vais rester discrète. Mais sachez qu’on ne « sort pas » tout de suite de l’écriture d’une biographie. Lorsque vous avez vécu au rythme de Louisa pendant un certain temps, elle ne vous lâche pas aussi rapidement ! D’autant plus qu’elle a été d’excellente compagnie.

dimanche 19 octobre 2014

Louisa May Alcott, la mère des filles du docteur March 1832-1888


J'ai lu Louisa May Alcott, la mère des filles du docteur March avec beaucoup d'intérêt ! Quel plaisir de retourner à Boston et Concord sur les traces de cette famille si chère à mon cœur !

Suivre les Alcott sous la plume aimante de Vivianne Perret est à la fois très plaisant et instructif. L'auteur retrace les grandes lignes de vie de la famille Alcott tout en mettant l'accent sur des anecdotes puisées dans les journaux et lettres de la famille, instants habilement contés et commentés.

"Fuguer était l'un de mes plaisirs d'enfance" confirma plus tard l'auteur du célèbre roman de littérature jeunesse "Little Women" en rapportant qu'elle partagea plus d'une fois des croûtons de pain avec de petits mendiants croisés lors de ses pérégrinations. S'aventurer ainsi comportait de multiples risques, comme celui de se perdre. Le crieur public découvrit un soir, Louisa, endormie dans Bedford Street, devant un pas-de-porte, blottie contre un chien. Les joues mouillées de larmes à force de tourner en rond sans trouver son chemin, le petit Poucet avait trouvé consolation auprès d'un énorme terre-neuve. Épuisée, elle avait fini par s'assoupir contre lui. Le crieur public eut, semble-t-il, toutes les peines du monde à faire accepter à l'animal de se séparer de sa nouvelle amie. Louisa, reconnaissante, en garda toute sa vie une affection pour la race canine. (p.12-13) 

J'ai particulièrement apprécié le travail de contextualisation fourni par l'auteur. Les informations sur la guerre de Sécession, les mœurs de l'époque, les courants de pensée, sont très enrichissantes et permettent aux lecteurs de mieux cerner la société américaine du XIXe siècle et ses nombreux bouleversements.

L'ère victorienne avait entraîné un changement d'attitude dans la conception de l'enfance. La société (et plus particulièrement la classe moyenne) intégrait la notion que le monde des enfants, innocent et désintéressé, était différent du monde des adultes et devait être protégé. Par contrecoup, l'idée qu'on se faisait de la littérature jeunesse évoluait. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, les livres pour enfants étaient religieux dans le sens où la connotation morale primait l'histoire racontée. Les livres provenaient d'Angleterre, pour des raisons linguistiques et historiques évidentes. Le premier ouvrage pour enfants publié sur le territoire américain fut "Spiritual Milk for Boston Babes in Either England", du pasteur puritain John Cotton ; il avait pour objectif d'enseigner la Bible. Mais la plupart du temps, les livres n'étaient pas spécifiquement destinés aux enfants, comme en témoigne le fameux "Pilgrim's Progress" de Bunyan qui servait à l'édification des adultes comme des plus jeunes. Le deuxième facteur important qui participa à l'évolution de la littérature jeunesse fut technologique, entraînant une réorganisation du travail. Avant la généralisation des grandes presses mécaniques, une invention dont avait bénéficé l'impression de "La lettre écarlate" de Nathaniel Hawthorne, les maisons d'édition étaient essentiellement locales ou régionales avec une diffusion géographiquement limitée. A présent, le travail était rationalisé dans des centres d'impression et le matériel acheminé par le chemin de fer généralisé sur tout le territoire. (p.155-156) 

L'auteur attire également notre attention sur des personnalités telles que Ralph Waldo Emerson, Henry David Thoreau, Charles Lane et présente les relations atypiques qu'elles entretenaient avec la famille Alcott.

Chacune des observations de Thoreau était un coup de baguette magique qui transformait la nature en un monde féerique : la toile d'araignée devenait le mouchoir qu'avait égaré une fée, les solidagos se dressaient en une haie d'honneur jaune d'or pointant la direction d'une aventure à suivre, l'écureuil cherchait la clé de sa maison dans les pins. Derrière chaque fleur se cachait une fée, chaque arbre avait une histoire à raconter. Thoreau évoquait également les peuplades indiennes qui avaient vécu dans la région avant les colons. Il grattait la terre et brusquement surgissait un bout de flèche ou une pierre calcinée par le feu, révélant aux enfants fascinés un objet qui rappelait le passage de ces tribus. Le père de Louisa, très lié avec Thoreau "obstinément indépendant et viril" selon ses dires, cerna avec justesse le rapport qu'il entretenait avec la nature, déclarant qu'il n'avait "jamais connu d'homme qui soit à ce point de la campagne et un fils aussi pur de la Nature". (p.67) 

Enfin, dans les dernières pages de la biographie, l'auteur nous invite à continuer le voyage avec une sélection d'ouvrages. Naturellement, les récents travaux d'Eve LaPlante y figurent ainsi que les biographies de Madeleine B. Stern et de Harriet Reisen, pour ne citer qu'elles.

Merci donc à Vivianne Perret de faire venir les Alcott jusqu'à nous et de leur donner vie... en français !

(Louisa May Alcott, la mère des filles du docteur March 1832-1888, Vivianne Perret, La librairie Vuibert, septembre 2014)

lundi 6 octobre 2014

Documentaire sur Orchard House

Vous avez encore le temps d'apporter une petite contribution au projet de documentaire sur la maison de Louisa May Alcott !
Il est très simple de participer grâce au site qui nous renvoie à amazon pour un paiement sécurisé :


Voici le témoignage de Gabriel Byrne, l'acteur qui a incarné le professeur Bhaer dans la version de 1994 :

I read "Little Women" when I was 10 years old and was transported to a world of yearning and adventure and love...Those girls and that place where they lived gave my young imagination wings. A novel belongs to you in a way that is personal and private... but when I came to act in the film I realised that the story belongs not just to me but to us all...All those years later I stood, where Louisa imagined a landscape rooted in her own subjective reality, but which exists in a place which is universal timeless and belongs to us all...I felt like some pilgrim from older times come to pay reverence to that inspiration or creative energy which is made real by ones own connection with place." Please join us in this amazing new chapter of Orchard House's legacy. Help fund the first documentary about this beloved place today.

Orchard House est bien plus qu'un musée et il est important d'assurer sa mémoire...

(lien)

lundi 22 septembre 2014

Bonne nouvelle !

Le téléfilm de David Lowell Rich datant de 1978 sera enfin disponible en France !
La sortie DVD est prévue pour le 19 novembre.